Les deepnudes
Quelques personnes créent un groupe privé sur Facebook où elles partagent et se moquent de deepnudes (images à caractère sexuel manipulées par l’intelligence artificielle) de leurs collègues.
Où est la limite ?
Une des collègues est mise au courant de l’existence du groupe. Elle se rend compte que des deepnudes ont été réalisés d’elle-même et d’autres collègues et que ceux-ci sont accompagnés de commentaires blessants. Les deepnudes sont des images ou des vidéos à caractère sexuel d’apparance réaliste créées à l’aide d’une intelligence artificielle. Les images ayant été truquées grâce à l’utilisation d’une intelligence artificielle, la femme et certain·e·s de ses collègues semblent être déshabillé·e·s ou poser nu·e·s. La réalisation de ces deepnudes constitue non seulement une violation de leur intégrité sexuelle mais, dans cet exemple, également une forme de harcèlement. En étant publiés en ligne, les deepnudes peuvent également être (re)partagés. Peu importe qui a créé le groupe privé et les deepnudes, il incombe à tous ceux qui font partie du groupe ou qui en ont connaissance de mettre un terme à cette forme de violence sexuelle en ligne.
Drapeau ROUGE
Réaliser des deepnudes sans le consentement de la personne représentée et les mettre en ligne consistue une violation de son intégrité sexuelle. Cela peut sembler anodin pour les membres du groupe, car un deepnude n’est past une « vraie’ photo de nu, mais pour les personnes représentées, cette distinction n’a pas d’importance. Les conséquences sont très similaires à celles vécues par les victimes d’abus en ligne d’images à caractère sexuel non truquées.
Pourquoi ?
Critères de base du système des drapeux
Nous évaluons le comportement de la personne spectatrice: les membres du groupe privé sur Facebook.
- Consentement – Les spectateurs et spectatrices peuvent refuser de faire partie de ce groupe, mais les victimes n’ont pas consenti à ce que les deepnudes soient faits d’elles.
- Plein gré – Les spectateurs·rices ont le choix, les personnes affectées ne l’ont pas.
- Égalité – Il s’agit d’un groupe contre quelques individus, qui n’étaient pas au courant au départ.
- Niveau de compétence/fonctionnement – Les spectateurs·rices doivent savoir qu’il s’agit d’une forme de harcèlement sexuel et de violence sexuelle en ligne.
- Adapté au contexte – Il s’agit d’un contexte de travail, ou l’initimidation et le harcèlement sexuel n’ont pas leur place. De plus, même dans un groupe privé sur les réseaux sociaux, il est nécessaire de se respecter mutuellement.
- Impact – Produire et diffuser des deepnudes sans consentement est une infraction pénale. L’impact sur les personnes consernées est similaire à celui de la production et de la diffusion de « vraies » images à caractère sexuel. De plus, en publiant les images en ligne, il est plus difficile de les faire disparaître.
Que dit la loi ?
La réalisation et la diffusion de deepnudes sans consentement sont toutes deux punissables en vertu du droit pénal belge. Faire un deepnude est une forme de voyeurisme (article 417/8 du Code pénal), tandis que diffuser un deepnude relève de la diffusion non consensuelle de contenus à caractère sexuel (article 417/9 du Code pénal). En ce qui concerne la diffusion non consensuelle et le voyeurisme, l’intention des auteurs n’a pas d’importance. Ainsi, même si les collègues dans la situation décrite ci-dessus ont réalisé et partagé les deepnudes pour « plaisanter », le fait de faire et de diffuser des deepnudes est punissable.