Menace de viol
Une journaliste rédige une critique négative d’un film sur un grand site d’information. Un homme, fan du réalisateur, la menace de viol dans les commentaires, sur divers réseaux sociaux et via des messages privés. En conséquence, elle ne peut pas travailler pendant plusieurs mois.
Où est la limite ?
Les femmes qui sont souvent au centre de l’attention publique, qui font entendre leur voix dans le débat public ou partagent leurs opinions, sont souvent confrontées à des commentaires ou à des agressions sexistes. L’objectif est souvent de les intimider et parfois de les faire taire. Dans ce cas, il s’agit donc non seulement d’une menace de viol, mais aussi d’une atteinte à la liberté d’expression. De plus, les menaces sont ici proférées par différents canaux, qu’ils soient publics ou non.
Drapeau NOIR
Menacer quelqu’un de viol est une forme de harcèlement sexuel, qui, dans ce cas, est à la fois public envoyé délibérément à la journaliste. La journaliste étant une femme, il s’agit également d’une forme de sexisme. L’objectif de cette menace est de délégitimer la journaliste, la réduire au silence, et la faire disparaître de l’espace numérique.
Pourquoi ?
Critères de base du système des drapeaux
Nous évaluons le comportement de l’homme
- Consentement – La journaliste n’a pas donné son consentement.
- Plein gré – Les commentaires sont imposés.
- Égalité – La situation est misogyne.
- Niveau de compétence/fonctionnement – L’homme devrait savoir que les menaces sexistes ne font pas partie des bonnes manières.
- Adapté au contexte – Ce comportement n’est approprié dans aucun contexte. Ici, les commentaires sont non seulement envoyés délibérément à la journaliste par le biais de messages privés, mais ils sont également partagés publiquement.
- Impact – Cela peut être intimidant pour la journaliste et interférer avec sa pratique. Il y a probablement aussi des effets négatifs sur différents réseaux sociaux. La journaliste risque d’y être confrontée en permanence.
Que dit la loi ?
L’article 442bis (harcèlement) du Code pénal belge est applicable à cette situation, car la tranquilité de la journaliste est fortement dérangées par ces menaces. La loi Sexisme du 22 mai 2014 s’applique également. Cette loi interdit de rabaisser ou de mépriser une autre personne en public en raison de son genre; la loi interdit également de réduire la personnen à sa dimension sexuelle. La journaliste peut aussi s’appuyer sur l’article 145, §3bis de la loi du 13 juin 2005 relative aux communications électroniques qui, entre autres, interdit d’importuner des correspondant·e·s de cette manière.
Il s’agit aussi d’une situation de harcèlement au travail qui est couverte par la loi sur le bien-être au travail. La journaliste peut s’adresser à une personne de confiance ou à un·e conseillère·er en prévention (dont les coordonées figurent dans le règlement du travail) pour obtenir une écoute, un soutien et des informations. Elle peut également porter une plainte contre son employeur·euse si celui-ci ne la protège pas contre ce type de comportement.